L’AFDN : pour des stratégies diététiques consensuelles après chirurgie bariatrique

À l’occasion du Congrès de la SOFFCO.MM 2022 (Montpellier), Alexandrine Robert avait lancé l’idée de se rassembler entre diététiciens pour mettre au point des pratiques claires en termes de diététique auprès des patients opérés pour leur obésité. Du constat de départ, « nous manquons de standard au sujet du régime péri-opératoire », est né un groupe de travail rassemblant 20 diététicien(ne)s de la France, tous membres de l’AFDN.   Recenser les pratiques nutritionnelles existantes Pour ce faire, « nous avons échangé, au cours de 4 visios entre septembre 2022 et mai 2023, pour faire un état des lieux sur les besoins des patients et les priorités sur lesquelles se pencher », décrit Alexandrine Robert. L’objectif étant que « que les professionnel(le)s se sentent moins dans l’impasse au niveau de la diététique ». L’avantage de ce groupe étant entre autres « sa large représentativité de la population, sachant que les praticiens travaillent dans le public, en libéral ou en clinique ». Le 26 mai 2023, lors du Congrès de la SOFFCO.MM organisé à Grenoble, la salle de conférence dédiée à la présentation de ce groupe de travail était pleine. Plusieurs autres diététicien(ne)s se sont inscrits pour intégrer les discussions.   Prévenir l’état de dénutrition en postopératoire Les deux premiers axes de travail concernent : • Les textures proposées aux patients en postopératoire. Après l’intervention, « l’alimentation est modifiée pour ne pas trop faire travailler l’estomac qui vient d’être agressé. Aujourd’hui, il existe beaucoup de diversité à ce sujet, chacun fait à sa manière de son côté. Certaines structures font du mixé puis haché sur deux phases de 15 jours, d’autres proposent 3 semaines de mixé suivies d’une semaine de haché, quand d’autres recommandent des prises liquides ». À ce sujet, « nous dépendons beaucoup de l’avis du chirurgien ». • Les conseils précis dans le choix des aliments pour éviter la dénutrition postopératoire. Et plus précisément « pour couvrir les besoins protéiniques de 60 g/j fixés par les recommandations. La question que nous nous sommes posées : comment atteindre ces quantités alors que les patients mangent moins, du fait de la réduction du bol alimentaire et donc des quantités prises par repas ? Nous discutons actuellement de la mise au point d’outils comme des fiches pratiques à distribuer à tou(te)s les diététicien(ne)s de France. Et nous compter préciser la question de l’introduction des protéines végétales et des supplémentations nutritionnelles ». À noter que l’apport protéique « va être associé à la préservation de la fonte musculaire ». « Pour proposer des pistes sur ces deux thématiques, mettre au point des stratégies consensuelles, nous allons nous baser sur les preuves et mettre au point des arbres décisionnels », souligne Alexandrine Robert. « Avec le soutien de l’AFDN et de la SOFFCO.MM, nous avons également le projet de lancer une enquête à l’échelle nationale sur 2023 et 2024 pour sonder les pratiques actuelles. Une réunion de travail sera prévue à l’occasion de la SOFFCO.MM 2024 » organisée à Nantes. Et au-delà de ces deux pistes, « nous pensons explorer globalement tous les domaines dans lesquelles il n’y pas de recommandations ». Comme le conclut Alexandrine Robert, « notre groupe de travail ne comprend à ce jour que des diététiciens, mais la prise en charge de l’obésité étant pluridisciplinaire, il est logique que nos travaux concernent toutes les spécialités », médecin généraliste, nutritionniste, endocrinologue, chirurgien, psychologue ou enseignant d’activité physique adaptée (APA).