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Diabétologie

Publié le 28 nov 2022Lecture 4 min

Réduire la durée des périodes de prise alimentaire pour améliorer l’effet des régimes hypocaloriques ?

Louis MONNIER, Montpellier

Jamshed H et al. Effectiveness of early time-restricted eating for weight loss, fat loss and cardiometabolic health in adults with obesity. A randomized clinical trial. JAMA Intern Med 2022 ; 182 : 953-62.

Les régimes hypocaloriques habituellement préconisés pour réduire les surcharges pondérales consistent en général à étaler la restriction des apports caloriques sur l’ensemble de la journée sans se préoccuper de la distribution des repas sur le nycthémère. Les résultats souvent décevants de cette pratique ont conduit à proposer des méthodes alternatives comme le jeûne intermittent, dont l’une des variantes consiste à restreindre la durée des prises alimentaires sur une période de quelques heures pendant les premières heures de la journée, de 7 heures du matin à 15 heures de l’après-midi, par exemple. C’est ce qui a été réalisé dans une étude récente. Cette étude est loin d’être la première, les précédentes(1-3) ayant semble-t-il démontré que la perte de poids est plus importante qu’avec les régimes classiques. De plus, la limitation de la durée de la période des prises alimentaires pourrait conduire à d’autres effets bénéfiques sur d’autres paramètres : pression artérielle, glycémies, lipides plasmatiques, sensibilité des tissus périphériques à l’insuline (un atout potentiel pour les sujets obèses diabétiques insulinorésistants) et perte de poids davantage ciblée sur la masse grasse que sur la masse maigre. L’étude publiée récemment dans le JAMA a été réalisée chez 90 sujets obèses (IMC = 39,6 kg/m2, âge moyen : 43 ans). Les sujets ont été randomisés en 2 groupes. L’un des 2 groupes (groupe contrôle) a été assigné à un régime classique dans lequel la restriction calorique a été répartie sur une durée de 12 heures au minimum. Dans le 2e groupe (groupe test), les prises alimentaires ont été limitées à la première partie de la journée sur une durée de 8 heures, de 7 heures du matin à 15 heures de l’après-midi. Le reste du temps, les sujets n’ont reçu aucun apport alimentaire. Les durées de jeûne et de prise alimentaire sont résumées sur la figure 1. Dans les 2 groupes, la restriction calorique quotidienne a été fixée à -500 kilocalories par rapport à la dépense énergétique de repos et l’étude a été poursuivie pendant 14 semaines. Les résultats sont les suivants : • La perte de poids a été plus importante dans le groupe test que dans le groupe contrôle (figure 2) : -6,3 kg versus -4,0 kg avec un différentiel entre les 2 groupes égal à -2,3 kg [IC95% : -3,7 à -0,9 kg ; p = 0,002]. • L’étude de la composition de la masse corporelle (méthode DEXA) a montré une perte de masse grasse un peu plus élevée mais non significative (p = 0,09) dans le groupe test : différentiel -1,4 kg [IC95% = -2,9 à +0,2 kg]. Aucune différence n’a été trouvée au niveau de la diminution de la masse maigre. • La pression artérielle a été davantage améliorée (p = 0,04) dans le groupe test avec un différentiel de -4 mmHg [IC95% = -8 à 0 mmHg]. • Tous les autres paramètres cardio-métaboliques ont évolué de la même manière dans les 2 groupes avec une baisse modérée du LDL-cholestérol, des triglycérides, de l’insulinémie, de la glycémie à jeun, de l’HbA1c, de la résistance à l’insuline (mesurée par le HOMA-IR). Les différentiels entre les 2 groupes ont été non significatifs. Figure 1. Régimes hypocaloriques selon que les prises alimentaires sont réparties sur l’ensemble de la journée ou limitées à la première période de la journée. Figure 2. Évolution du poids dans le groupe contrôle (carrés noirs) et dans le groupe test (ronds rouges). Les conclusions suivantes ont été tirées par les auteurs : la perte de poids a été plus importante quand la durée des prises alimentaires est limitée à une période de 8 heures en début de journée. Il en est de même pour la pression artérielle. En revanche, les autres résultats sont un peu décevants. Les auteurs soulignent que leur étude n’a porté que sur un nombre limité de patients et que ces résultats devraient être complétés par d’autres études sur des cohortes de sujets plus importantes. Il est à noter que d’autres études antérieures(1-3), mais toujours sur un faible nombre de sujets, ont montré que la perte de poids était plus orientée vers la masse grasse quand la durée de la prise alimentaire est restreinte à un intervalle de temps limité à moins de 8 heures sur l’ensemble du nycthémère. La perte de masse maigre serait pour certains plus faible avec par voie de conséquence une meilleure conservation du métabolisme de base, ce qui faciliterait la perte de poids sous régime hypocalorique. Tout ceci reste cependant un peu hypothétique ; de plus il est impossible de savoir si la limitation en durée des périodes de prises alimentaires, quand elle est couplée évidemment à une restriction calorique, permet sur le long terme une perte de poids plus importante dans les obésités et une amélioration plus marquée des perturbations métaboliques qui lui sont habituellement associées. Affaire à suivre. Publié par Diabétologie Pratique

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