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Diabétologie

Publié le 21 déc 2022Lecture 4 min

Cancers et décès diminuent fortement chez les obèses traités par chirurgie bariatrique

Louis MONNIER, Montpellier

Aminian A et al. Association of bariatric surgery with cancer risk and mortality in adults with obesity. JAMA 2022 ; 327(24) : 2423-33.

Dans un article paru dans le JAMA au mois de juin, un groupe d’investigateurs américains impliqués dans le suivi de patients présentant une obésité majeure rapporte une baisse significative de l’incidence des cancers et des décès liés à ces cancers après traitement par chirurgie bariatrique. Cette étude a été conduite sur une population de 30 318 sujets : âge médian 46 ans et IMC médian 45 kg/m2, c’est-à-dire une obésité majeure. Les sujets ont été suivis pendant une durée moyenne de 6,1 années mais pouvant aller jusqu’à 17 ans. La chirurgie bariatrique a été appliquée à 5 053 patients en utilisant soit le « bypass gastrique Roux-en Y », soit la « sleeve gastrectomie ». Les 25 265 patients restants ont été soumis à un traitement classique non chirurgical et ont constitué le groupe de référence. Le critère d’évaluation principal était la découverte d’un cancer reconnu comme volontiers associé à l’obésité : cancer de l’œsophage, du rein, du sein, du côlon, du rectum, du foie, de la vésicule biliaire, du pancréas, des ovaires, de l’utérus, de la thyroïde, ou un myélome multiple. Deux critères d’évaluation secondaires ont été inclus dans cette étude : l’incidence de tous les cancers quelle que soit leur nature et celle de la mortalité liée aux cancers. Résultats L’incidence cumulée du critère d’évaluation principal (cancers liés à l’obésité) est de 2,9 % à 10 ans dans le groupe chirurgie bariatrique versus 4,9 % dans le groupe de référence non soumis à la chirurgie bariatrique (figure 1). Le hazard ratio ajusté entre les 2 groupes est égal à 0,68 (IC95% : 0,53-0,87 ; p = 0,002). La mortalité due aux cancers est égale à 0,6 décès pour 1 000 personnes-années dans le groupe chirurgie bariatrique versus 1,2 décès pour 1 000 personnes-années dans le groupe de référence. L’incidence cumulée de la mortalité par cancer à la 10e année de suivi est de 0,8 % dans le groupe chirurgie bariatrique versus 1,4 % dans le groupe de référence, hazard ratio ajusté entre les 2 groupes = 0,52 (IC95% : 0,31 à 0,88 ; p = 0,01). Les pertes de poids jugées à la 10e année montrent des différences considérables : - 27,5 kg (IC95% : -27,3 à -27,8 kg) dans le groupe chirurgie bariatrique versus 2,7 kg (IC95% = -2,4 à -3,0 kg) dans le groupe de référence (p < 0,001). L’évolution pondérale dans les 2 groupes est indiquée sur la figure 2. Figure 1. Incidence cumulée au cours du temps des cancers liés à l’obésité dans le groupe chirurgie bariatrique et dans le groupe de référence. Figure 2. Évolution pondérale dans le groupe chirurgie bariatrique et dans le groupe de référence. Conclusion Cette étude montre clairement que dans l’obésité majeure (morbide), une perte de poids majeure et soutenue grâce à la chirurgie bariatrique réduit de manière très significative l’incidence des cancers et de la mortalité liée à ces cancers. Les auteurs discutent ensuite les mécanismes possibles de l’augmentation du risque de cancers chez les obèses et de la réduction de ce risque quand la perte de poids est suffisante. L’état d’inflammation chronique qui accompagne les obésités, l’augmentation des hormones stéroïdiennes et des adipokines, l’insulinorésistance et l’hyperinsulinisme qui en résulte sont autant de facteurs qui ont été incriminés. Leur réduction lors des pertes de poids joue certainement un rôle mais ces facteurs n’ont pas été étudiés dans cette étude. Une donnée intéressante fournie par cette étude qui a été réalisée sur une grande cohorte d’individus est l’observation d’une relation entre le degré de la perte pondérale et la réduction de l’incidence des cancers. Les courbes actuarielles d’incidence des cancers après individualisation de plusieurs groupes sélectionnés en fonction de l’intensité de la perte pondérale montrent qu’une perte de poids d’au moins 20 % par rapport au poids de départ est indispensable pour réduire le risque de cancer de manière significative. Les études dans lesquelles le traitement de l’obésité a consisté à n’utiliser que des méthodes classiques (modifications du mode de vie comme dans l’étude Look AHEAD) ont montré que même avec une modification intense de ce mode de vie la perte de poids est restée limitée à moins de 10 %. De manière parallèle, dans ces études, l’incidence des cancers n’a pas été modifiée de manière significative.

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